2.1 La méthode 3CL-2021

La méthode 3CL-2021 (Calcul de la Consommation Conventionnelle des Logements) constitue le cœur technique du nouveau DPE. Important : cette méthode s'applique exclusivement aux logements - les bâtiments tertiaires (bureaux, commerces, entrepôts) relèvent d'autres référentiels de calcul spécifiques. Cette distinction est essentielle car les usages, les horaires d'occupation et les besoins énergétiques diffèrent fondamentalement entre résidentiel et tertiaire.

La méthode conventionnelle standardise les conditions d'usage du logement pour permettre une comparaison objective entre les biens. Le calcul des besoins de chauffage s'effectue mensuellement selon les degrés-heures - qui mesurent l'écart cumulé entre la température intérieure de référence (19°C) et la température extérieure lorsque celle-ci est inférieure à 19°C. Le modèle intègre une semaine d'inoccupation en décembre avec un abaissement de température à 16°C en journée pendant les jours de semaine. Pour l'eau chaude sanitaire, le calcul forfaitaire prend en compte la surface du logement, la zone climatique, et inclut également une semaine d'absence en décembre. Quant au refroidissement, les besoins sont calculés uniquement pour les périodes où la température extérieure dépasse 28°C.

Cette standardisation rigoureuse, appliquée selon les conditions météorologiques des 8 zones climatiques de France métropolitaine, garantit que deux logements identiques obtiendront le même classement DPE, quelles que soient les habitudes de leurs occupants. Le DPE évalue ainsi le potentiel intrinsèque du logement, non les consommations réelles qui peuvent varier du simple au triple selon les comportements.

La fin définitive des DPE sur factures depuis juillet 2021 renforce considérablement la fiabilité des diagnostics. Finis les DPE "vierges" ou basés sur des consommations atypiques - chaque logement est désormais analysé selon ses caractéristiques physiques réelles, garantissant une évaluation objective et reproductible.

2.2 Les 5 postes de consommation analysés

Le DPE décompose la consommation énergétique selon cinq postes distincts, chacun pesant différemment dans le bilan final :

Le chauffage représente généralement 60 à 75% de la consommation totale, faisant de lui le premier levier d'amélioration. L'évaluation intègre le type d'énergie (gaz, électricité, fioul, bois), le rendement des équipements et les besoins calculés selon les déperditions thermiques du bâti.

L'eau chaude sanitaire pèse pour 10 à 20% du bilan, variant selon le système de production (chaudière, chauffe-eau électrique, thermodynamique, solaire) et le nombre d'occupants standardisé selon la surface.

Le refroidissement, lorsqu'il existe, prend une importance croissante avec le changement climatique. Les systèmes de climatisation sont évalués selon leur performance (SCOP) et la zone climatique du logement.

L'éclairage compte généralement pour 2 à 5% mais peut atteindre 10% dans les petites surfaces très vitrées. Le calcul intègre la surface vitrée, l'orientation et la performance supposée des équipements.

Les auxiliaires incluent les consommations des VMC, circulateurs, veilles et autres équipements techniques permanents. Souvent négligés, ils peuvent représenter jusqu'à 10% dans les logements très équipés.

Cette décomposition permet d'identifier précisément les postes énergivores et d'orienter efficacement les travaux de rénovation.

2.3 Données prises en compte

L'évaluation du DPE s'appuie sur une analyse exhaustive des caractéristiques physiques du logement. La surface habitable et l'orientation déterminent les besoins de base en chauffage et éclairage, alors que la configuration (maison individuelle, appartement en étage intermédiaire ou en pignon de rue) influence significativement les déperditions thermiques.

L'isolation constitue le facteur déterminant de la performance énergétique. Le diagnostiqueur évalue méthodiquement chaque paroi : épaisseur et nature des isolants en murs, toiture et planchers, performance des menuiseries et du vitrage (simple, double ou triple vitrage), présence de ponts thermiques. La qualité des isolants fait l'objet d'une attention particulière : seuls les produits certifiés ACERMI (Association pour la CERtification des Matériaux Isolants) voient leurs performances nominales intégralement reconnues dans le calcul.
ATTENTION aux isolants minces réfléchissants, souvent vantés pour leur éfficacité thermique et le peu de perte de surface au sol, leurs résistance n’est souvent pas prise en compte par les techniciens - seul leur épaisseur est prise en compte, et donc le résultat n’est souvent pas à la hauteur des promesses dans le calcul du DPE. On ne parlera même pas des peintures “isolantes”. 

Cette rigueur sur les certifications protège les propriétaires contre les solutions miracle inefficaces et garantit que les travaux d'isolation apportent les gains énergétiques escomptés. Un isolant non certifié ou mal posé peut diviser par deux, voire trois, les performances attendues, compromettant l'amélioration du classement DPE.

Les systèmes de production d'énergie sont analysés en détail : type de chaudière, âge, rendement, présence d'une régulation performante, d'un thermostat programmable. Les énergies renouvelables (panneaux solaires, pompe à chaleur, poêle à bois labellisé) bénéficient de coefficients favorables, reflétant leur moindre impact environnemental.

La ventilation, souvent sous-estimée, joue un rôle important : une VMC simple flux ancienne peut générer 20 à 30% de déperditions supplémentaires par rapport à une VMC double flux avec récupération de chaleur. Le diagnostiqueur vérifie le type de système, son état, et la présence d'entrées d'air conformes.

Cette analyse multicritère, croisée avec les données climatiques de votre zone géographique, alimente l'algorithme 3CL pour produire une évaluation précise et personnalisée de votre logement.